Faire une recherche, c’est essentiellement compter sur l’écrit, puisqu’un mémoire de thèse pèsera dans les 300 pages. Pourtant, faire connaitre son travail demande de savoir expliquer ce que l’on fait, pourquoi on le fait. Les personnes retenues pour le concours Starthèse ont plongé dans l’exercice aux côtés de Sylvain Osien, coach en prise de parole. Starthèse est destiné à amener des doctorantes et doctorants à présenter leurs recherches, jusqu’à retirer une idée applicable ensuite. L’exercice est redoutable, redouté souvent. L’essentiel a surtout été d’apprendre à apprivoiser sa prise de parole.
« 68 % des gens ont peur de parler en public. ». C’est ainsi que Sylvain Osien a introduit le travail. On comprend mieux alors que la parole doive « se prendre », comme on prend un risque, ou un taureau par les cornes. Et la formation a permis de découvrir des manières de le faire, des manières pour le faire : la parole se situe bien au-delà des mots, de la voix.
Les mains ont la parole. Elles s’ouvrent au monde, renferment les secrets ou écrasent la colère. Elles invitent ou partagent, séparent ou repoussent.
Les doigts ont la parole. Ils persistent ou signent, marquent ou symbolisent. Les doigts comptent et décomptent ; tissent et détissent. Ils montrent la voie.
Le visage a la parole. Il surprend ou soutient, caresse ou se souvient. Le visage ouvre sur un monde qui n’est plus l’inconnu.
Le regard a la parole. Il brille et fait briller le propos, insiste et prend par la main.
L‘espace a la parole. Marcher donne de la voix, s’arrêter invite à la réflexion.
La voix a la parole. Elle est le véhicule d’une pensée qui ose, d’une idée qui s’ose. Elle est le pendule qui cherche les mots justes.
L’histoire a la parole. L’histoire, c’est la madeleine du cerveau, le plaisir de raconter, le plaisir d’écouter. L’histoire réconforte dans le noir des jours. L’histoire fait briller l’éternelle enfance.
Le silence est la parole. C’est lui qui donne le poids aux mots. C’est lui qui souligne de trois traits de plume ce qui pousse et sourit, ce qui répare et réconcilie.
Parler, c’est ouvrir au dialogue. Prendre la parole, c’est s’offrir à la rencontre.