La place des directeurs et directrices dans l’Ehpad inclusif

Lors de la conférence de consensus organisée à Toulouse le 23 septembre par le Conseil départemental de la Haute-Garonne autour de l’Ehpad inclusif, j’ai souhaité parler de la place que les directeurs et directrices d’Ehpad paraissent y tenir. M’appuyant sur une trentaine d’entretiens, j’ai avancé l’idée que ces professionnels peuvent être des passeurs et des dépasseurs.

L’expression « Ehpad inclusif » n’est jamais citée lors des entretiens. En revanche, la notion d’inclusion en Ehpad est souvent présente. Elle est décrite par Frédéric Sananes, comme « le principe d’accueillir toutes les personnes âgées sans distinction d’âge, de sexe, d’origine, de handicap ou de dépendance. ».

Inclure, cela demande d’accueillir, pour favoriser le passage tout au long du parcours, du domicile, à l’institution, d’un entourage de proches à un entourage de personnes inconnues, de son milieu social propre à des milieux sociaux (très) différents. Il s’agit aussi de passer de ce que l’on a été à ce que l’on est et devient.

Des directeurs et directrices d’Ehpad passeurs

Lors des entretiens, comment me disent-ils tenir ce rôle de passeurs ?
En préparant l’entrée, en facilitant la cohabitation rendue complexe par la présence de milieux sociaux différents, même dans les établissements au contexte à priori plus homogène. En soutenant la parole des résidents, particulièrement lorsqu’elle marque un désaccord avec la famille. En aidant les personnes à continuer d’être qui elles étaient, en transmettant l’histoire de vie. En leur permettant de continuer à devenir, par la photographie qui actualise l’image.

Des directeurs et directrices d’Ehpad dépasseurs

Devant l’urgence, l’inouï, les épreuves et les défis, les professionnels vont devenir des dépasseurs. Quand et comment me disent-ils le faire ?
La fin de vie en temps de covid a parfois demandé de sortir du cadre règlementaire, dans un souci éthique. En travaillant sur, avec, contre l’image publique dégradée des Ehpad pour aider à une entrée choisie. En poussant les murs, de l’Ehpad plateforme aux tiers-lieux.

Des directeurs et directrices d’Ehpad dépassés ?

Ils déclarent l’être parfois, par « l’angoisse » devant les déficits et les contrôles, par la « charge mentale » ou la charge de travail, par les problèmes de recrutement, d’absentéisme, de turnover.

Des directeurs et directrices d’Ehpad qui se dépassent

Les professionnels témoignent souvent chercher comment continuer de viser ce qui compte pour eux, comme ne pas choisir entre qualité de vie des résidents et qualité de vie au travail des personnels. Ce qui parait les aider, c’est de bien se connaitre pour garder son cap, quitte à changer d’établissement… ou de métier.

Photographie : Vincent Balthazar