Sous toutes les coutures

J’ai récemment suivi une formation doctorale intitulée « La thèse en mode projet », animée par Jean-Charles François. Ce qui m’intéressait dans cette formation, c’était de voir comment transposer sur mon organisation de thèse ce que je faisais déjà en matière de gestion de projet dans mes précédentes fonctions. Après une journée et demi de formation, je dirais bien qu’il s’agit de regarder « l’objet thèse » sous toutes ses coutures pour en faire un paysage familier, compréhensible dans lequel on va savoir s’orienter, se perdre un peu parfois, mais s’y retrouver toujours. Un objet de travail comme un autre.

Regarder loin
Tout d’abord, il s’agit de ne pas en rester à ce que l’on a sous le nez, c’est à dire à « ce que je suis en train de faire et dans lequel je suis plongé ». Et c’est une tentation dans tout projet, qui finit toujours par ressembler à un fleuve qui emporte où il veut. A la place, il s’agit de regarder loin, loin derrière et loin devant, et se posant les questions « D’où je viens ? » et « Où je veux arriver ? » Ça parait simple dit comme ça, pourtant cela demande de résister au vertige des questions sans certitude, des réponses temporaires et possibles, mais que l’on met noir sur blanc. Pour moi, c’est l’outil de planification sur trois ans qui joue ce rôle.

Regarder les choses en face
Je dirais que c’est ce qui demande le plus de courage, parce que ça ne fait pas toujours plaisir, ça ne rassure pas, ça déçoit même, si on le prend à cœur au lieu de le prendre comme un objet : l’objet projet. Ça demande de s’impliquer pour de bon en allant voir ce qui est le plus risqué, le plus difficile, le moins gratifiant, le plus long, le plus important, et regarder ces choses en face, pour évaluer où on en est précisément. C’est ce que j’ai fait avec un diagramme de Kiviat, et sa toile. Ça ne m’a pas rassurée, mais au moins je sais de quoi il retourne, ce que je risque et ce sur quoi je dois mettre le paquet.

Regarder à la loupe
La loupe ici, c’est l’outil qui aidera à la connaissance, au suivi, à l’analyse, à la définition de la stratégie, à la relance, à la créativité, à la communication du projet. Diagramme, tableau de suivi, application de gestion du temps, rétroplanning, retour d’expérience, mind mapping, ce ne sont pas les outils qui manquent. L’important, c’est de savoir ce que l’on en attend.

(Ne pas) regarder à la dépense
Dans un projet de thèse en sciences humaines, deux ressources essentielles sont à surveiller comme le lait sur le feu. La première ressource est humaine puisqu’il s’agit pour celui ou celle qui conduit sa thèse de tenir tout au long « d’un marathon qui va se terminer par un sprint » comme nous le disait Jean-Charles François. La deuxième ressource, c’est celle du temps. Pour les deux ressources, s’y on les perd trop longtemps des yeux, comme le lait ça déborde. Et parfois il suffit pour ça de ciller trois fois pour que cela arrive. Alors la dépense, mieux vaut la regarder, un petit coup tous les jours, et puis en fin de semaine, et un grand coup en fin de mois, etc. Avoir des habitudes, c’est sans doute ce qui protège le mieux du risque de se retrouver avec sa casserole vide.

Arrêter de regarder
Après avoir scruté, soupesé, évalué, planifié, géré, maitrisé, vient un moment où le besoin est fort de fermer les yeux. Et de laisser aller un peu les choses comme elles viennent, de faire une place à l’improvisation, à l’imagination, au jeu. De penser à autre chose ou de le penser autrement, par le plaisir de l’écriture. Comme je viens de le faire, en transgressant tous les principes de la gestion de projet ! En les transgressant… pour de bon, pour de bien.