Photo : Mathilde Bernos http://lebateaulivre.over-blog.fr/

Décider dans un collectif : pour quoi est-on réunis ?

Dans certains collectifs, les conflits sont forts et fréquents lors des concertations, au point d’épuiser les forces des personnes, pourtant de bonne volonté. Vient la nécessité de clarifier les modalités de prise de décision et de prendre conscience de l’importance de le faire pour ne pas faire le lit de la discorde.

D’abord, la question de la finalité : pour quoi est-on réunis ? S’agit-il d’une consultation, d’une concertation, d’une négociation ? Va-t-on y prendre une décision collective ? A partir de quelles règles. A chaque forme de réunion, des modalités différentes.

La consultation
C’est une demande d’avis.
Modalités : elle exige que l’on veille à ce que le cadre de prise de parole permette à chacun de s’exprimer.

La concertation
C’est l’action, pour plusieurs personnes, de s’accorder en vue d’un projet commun. Elle s’appuie sur une mise en commun des compétences, des motivations particulières et des intérêts qui peuvent être parfois divergents. Cette motivation fondamentale commune à trouver un accord ne signifie pas absence de divergences dans les opinions, intérêts et préférences : les discussions peuvent être longues et difficiles. Il s’agit de se concerter, d’analyser, avant de choisir.
Modalités : La concertation suppose l’échange d’arguments entre les parties, l’explicitation des points de vue de chacun. Un animateur sera utile si la discussion s’emballe, pour la ralentir et laisser la place à chacun. Elle demande à l’animateur de marquer le moment où l’on passe de la concertation à la prise de décision.

La négociation
« La négociation peut se définir comme une situation où des acteurs interdépendants cherchent par la discussion à mettre un terme à un différend, un conflit d’intérêt, ou même un conflit ouvert, en élaborant une solution acceptable par tous. » (Touzard) On peut se situer dans la recherche d’une meilleure solution pour tous, une solution où tout le monde y gagne quelque chose d’important. « Mais dans un contexte conflictuel la recherche d’une solution gagnant-gagnant a du mal à s’instituer puisqu’elle exige une orientation coopérative de la part de tous les acteurs. Accepter de gagner moins pour gagner avec les autres exige un changement radical d’attitude. » (Touzard)
Modalités : La concertation suppose l’échange d’arguments entre les parties, l’explicitation des points de vue de chacun. Elle demande elle aussi de marquer clairement le moment où l’on passe de la concertation à la prise de décision. Si on est dans le cas d’un arrière-plan conflictuel, cela demande d’être très vigilant et très ferme sur règles de prises de parole pour protéger chacun (avoir un animateur désigné). Avancer pas à pas, sur un point, sur un autre, en prenant des notes sur les avancées, pour des formulations claires qui satisfassent tout le monde. Les diffuser sur un écran aide l’assemblée à se concentrer sur ce média, qui apparait comme ce qui relie. Sentir le moment où les choses deviennent moins conflictuelles, et où l’on se retrouve dans une concertation plus ordinaire, pour détendre de déroulé.

La prise de décision
Lorsque vient le moment du choix, indiquer à l’assemblée que l’on va décider. Vérifier que l’on est d’accord sur les modalités.
Modalités : est-ce que l’on va chercher à « sentir » si le consensus est là ? Va-t-on le vérifier par un vote ? A main levée ou à bulletin secret ? Demandant une unanimité, une majorité ? La recherche d’un consensus est pratiquement toujours préférable à un vote à la majorité qui laisse des personnes parfois mécontentes, voire en opposition à la décision, ou ayant le sentiment d’avoir perdu la face, si le sujet est chargé en émotions ou en convictions. Même si c’est plus long, même si l’on doit reporter une décision, le temps pris est souvent du temps gagné pour la cohésion du groupe et le sentiment de sécurité individuel.