Echange avec un enseignant (2/3) : l’animation d’une discussion

Suite à un travail collectif sur les conditions d’une discussion, j’ai proposé un échange par écrit à un enseignant qui se montrait à la fois pertinent et intéressé par le sujet, tout en étant plutôt défavorable, ou du moins sceptique vis-à-vis de ces règles. Dans cet article, l’échange porte sur les modalités de l’animation.

CV
Je reviens à la responsabilité de l’animateur. Vous soulignez très bien la prise de pouvoir pourrait être celle de l’animateur, qui choisirait à qui il donnerait ou non la parole. Cela signifie que les conditions dans lesquelles il distribue la parole doivent être explicites. Souvent on fixe : « dans l’ordre des demandes, avec priorité à celui qui n’a jamais parlé ». Vous en parlez un peu plus loin, oui, les règles pour l’animateur doivent être fixées et acceptées par le groupe.

Monsieur Jean
J’imagine que nombreuses sont les stratégies qui permettent de contrer la confiscation du pouvoir par l’animateur, fût-il désigné au préalable. On peut par exemple imaginer des rotations régulières à l’intérieur du groupe, pendant les débats, entre chaque débat. On peut penser à un débat dirigée de façon concertée ou contradictoire par deux ou plusieurs membres. On doit confirmer, comme vous le faites, que les règles doivent être préalablement définies et validées par le groupe.

CV
Oui, on voit naître là un mode d’emploi pour une animation disons démocratique : acceptation préalable des règles d’animation par le groupe, rotation régulière dans l’animation, coanimation.

Monsieur Jean
Piste intéressante à creuser ; nous sommes tous différents et devons nous adapter aux autres. La démocratie, donc le débat qui sous-tend son essence, est l’objet d’une interprétation différente : la façon dont on organise une discussion n’est pas obligatoirement interprétée de la même façon, qu’on soit femme, homme, qu’on soit concerné par le thème, qu’on le soit moins, qu’on soit Mme M. ou Mme V.. L’essence même du débat, à ne pas oublier, c’est que le directeur du débat n’est pas le décisionnaire. C’est le groupe qui vote et qui décide.
Plus les animations et leurs déclinaisons sont variées, plus la conscience de la démocratie est grande.