J’ai quelquefois travaillé avec un philosophe, sur la compréhension d’un texte, ou sur la réflexion autour de cette question comme « Pourquoi méprise-t-on les mendiants « ? L’exercice formel pour travailler la logique consultait à formuler trois hypothèses et à identifier à quel concept chaque hypothèse se rattachait. Rien de sorcier, et pourtant…
Souvent j’ai cherché des choses trop compliquées, fait des phrases peu claires, avec un défaut logique que je ne repérais pas, même quand il était pointé. Ou bien je ne trouvais pas le concept qui englobait la proposition. Nous avons passé plus de trois heures à simplement formuler correctement des hypothèses argumentées correspondant à une dizaine de questions. Une autre difficulté venait du fait de ne pas parvenir à élargir l’horizon pour des hypothèses vraiment nouvelles. J’avais tendance à tourner en rond. Ce n’est que lorsque le philosophe me faisait des propositions que je voyais… ce que je ne voyais pas avant.
Une parole simple, claire et concise
Tout d’abord, cela a renouvelé ma prise de conscience qu’il est nécessaire d’être clair, simple et concis, pour soi d’abord, pour les autres ensuite, de manière à être plus sûr d’être compris dans ce que l’on dit ou demande. Cela ressemble à une évidence, mais il me semble que l’on risque vite de perdre cette évidence de vue lorsqu’on a beaucoup d’informations à engranger et pas mal d’occasions de parler devant du public, qu’il soit d’adultes ou d’élèves. Or, une parole simple, claire et concise demande généralement d’avoir été préparée, par écrit ou en pensée. Cela demande de prendre le temps.
Ensuite, formuler précisément, j’ai repris cela en faisant travailler les personnes aussi, par exemple lors de médiations. Dans ce cas, prendre le temps vise à choisir ce que l’on va garder entre tout pour le dire à l’autre. Je demande alors de formuler une idée précise, que je note sous la dictée.
Un autre bénéfice m’est apparu dans le fait de travailler la souplesse de l’argumentation, en me forçant à chercher au-delà de ce que j’imaginais aisément. J’ai pris l’habitude de chercher sciemment plus loin que ce qui me vient facilement. Et cela aussi je le fais travailler en équipe, ou en entretien, pour inciter à explorer des hypothèses, des idées plus largement que celles qui arrivent de manière évidente. Vous avez la première ? La deuxième ? Cherchez donc la troisième…
Pour aller plus loin :
Travailler l’argumentation
Dans cet article, nous avons vu apparaître de manière récurrente les problèmes liés à une argumentation défaillante. Oscar Brenifier et Isabelle Millon ont cherché des manières de d’évaluer un argument :
« Si l’on désire établir une grille simple d’évaluation des réponses et arguments, nous proposons les critères suivants :
1 – Clarté de la réponse
2 – Pertinence de la réponse
3 – Existence d’un argument
4 – Pertinence de l’argument
5 – Force ou faiblesse de l’argumentation
6 – Pluralité ou répétition des idées. (En cas de pluralité des réponses et des arguments) »
Ils ont aussi recensé une série d’erreurs d’argumentation :
1) Absence d’argument
2) Argument non pertinent
3) Argument indifférencié
4) Argument incomplet
5) Argument contradictoire
6) Glissement de sens
7) Faux argument
8) Tautologie
9) Rejet du problème
10) Argument interrogatif
11) Indétermination du relatif
12) Argument de conviction
13) Argument illogique
14) Fausse évidence
15) Argument faible
Ces éléments sont développés sur le site des auteurs.