Changer, c’est continuer

« Notre place est celle qui porte en elle
les secousses et les sursauts de nos mouvements intérieurs,
de nos élans et de nos fixations, éphémères. »
Claire Marin, Être à sa place, page 222

« A la rentrée, je ne serai plus inspectrice. Je serai en formation. » J’ai beaucoup répété cette phrase depuis la mi-juin. Cette année, je serai étudiante en sociologie du vieillissement. (Plus précisément, je serai en Master Intervention et développement social, M2 Stratégies et recherches en développement social (SRDS), option Sociologie des âges, de la santé et des vulnérabilités à l’université de Lille.) Avec le projet, dont je vais vérifier le réalisme dans les mois qui viennent, d’entamer une recherche ensuite.

Tout le long de la vie
Dans cette recherche, j’envisage de rapprocher ce que je connais bien, l’éducation, et ce que je vais découvrir, le grand âge. A 54 ans, j’ai passé 30 ans à travailler dans un domaine où l’on s’occupe du début de la vie. Je vais maintenant me pencher sur une autre partie de l’existence et sur ses métiers, à une nouvelle saison de la mienne. A l’heure où travailler dans l’Éducation nationale ou la fonction publique attire moins, je sais que ces institutions et leurs responsables m’ont permis d’imaginer et de réaliser un parcours professionnel sans rigidités.
Parfois, quand je parle de ce changement, cesser d’être inspectrice premier degré pour redevenir étudiante, on me répond : « Ça ne m’étonne pas de toi. » Peut-être parce que je suis une habituée des reprises d’études, ou que mon parcours professionnel s’est fait en étapes, passant pour des ruptures, ou témoignant d’une évolution. Mais le plus souvent, je perçois de l’étonnement.

Proche ou trop éloigné ?
L’étonnement, c’est ce qui m’a fait prendre conscience que ce qui m’apparaît proche, proche de mon sillon professionnel et personnel antérieur, en semble très éloigné à un observateur extérieur. J’ai trouvé deux explications à cette différence de perception. Soit en effet c’est trop éloigné, je me suis en effet fourvoyée, j’ai pris une décision aveuglée et je vais me rendre compte de cette erreur que mon entourage voit déjà. Soit le cheminement intérieur qui m’amène à ce changement, s’il est invisible, et même inimaginable comme l’est tout cheminement chez l’autre, n’en est pas moins fondé, peut-être fondateur. Quoi qu’il advienne ensuite, cette décision s’appuie sur une assurance suffisante : je saurai faire dans les deux cas, soit renoncer et faire marche arrière si je m’aperçois que j’ai pris une mauvaise décision, soit trouver les moyens et les manières de poursuivre si c’était une décision adéquate.

Pour poursuivre :

Changer : le dedans et le dehors (1/3)

 

Sortir de sa trajectoire initiale, changer de place,

cela laisse supposer des évènements extérieurs

et des mouvements intérieurs.

 

Des fils rompus, visibles et invisibles (2/3)

 

Décider, décider de partir, c’est couper une corde faite de fils multiples.

Des fils sont rompus.

 

 

Des fils toujours là, visibles et invisibles (3/3)

 

Décider, décider de partir, c’est couper une corde faite de fils multiples.

Des fils sont toujours là.