L’écriture professionnelle (2/4) : Écrire, c’est penser. Penser, c’est écrire.

Pour moi, lire et écrire se nourrissent et nourrissent la réflexion, peut-être avec l’espoir que cela travaillera en souterrain et qu’il en restera quelque chose qui ressurgira et aidera en cas de besoin, mais toujours avec le goût de tourner autour d’un problème, d’une phrase, d’une idée.

Je vois trois formes à ces moments choisis et plusieurs finalités.

Se donner rendez-vous
Dans un premier cas, le cas du rendez-vous régulier, l’écriture ressemble à un exercice qui va entretenir l’agilité : apprendre à penser loin de moi, entretenir l’habitude de ne pas aller trop vite, de ne pas juger sans un examen approfondi lorsque c’est nécessaire. Moment d’exercice désiré, moment hors de la précipitation. Malgré le désir, malgré le besoin, à certaines périodes je n’arrive pas à trouver la sortie du courant qui m’emporte, généralement de mars à la mi-juillet. J’ai alors à gérer le manque et la frustration en plus de la précipitation. C’est peut-être simplement le signe que l’habitude d’écrire n’est pas assez bien installée.

Par nécessité
Dans un deuxième cas, c’est la nécessité qui me pousse à écrire, quand je rencontre une difficulté dans le travail, que j’ai l’impression de me perdre, de ne pas bien comprendre ce qui se passe ou de ne pas voir de solution. Travailler avec les autres sans m’imposer mais sans subir, m’y retrouver dans l’enchevêtrement d’une situation obscure, prévenir les conflits sans les éviter s’ils sont nécessaires, aider le mieux possible sans faire à la place, savoir me situer par rapport à l’autorité hiérarchique sont des sujets qui m’ont amenée à me poser beaucoup de questions. Devant un problème, j’ai souvent procédé de cette manière : lire en vue de remuer le problème, en parler avec un ou deux interlocuteurs choisis, avant de tout laisser reposer dans l’écriture. Lire, c’est rarement lire un livre, plus souvent lire un, des chapitres. Parler, c’est échanger avec une, quelques personnes choisies, dans une confiance qui me permette d’oser dire que je ne sais pas, que je me suis trompée, que je ne suis pas très fière. Et souvent une phrase, une remarque, suffisent à débloquer ce qui résistait.
Parfois, la nécessité vient en fin d’une période où nous avons particulièrement travaillé autour d’un problème, comme « Comment faire avec les problèmes de comportement des élèves ? ». Le besoin de faire du tri, de synthétiser, d’analyser et d’organiser pour mieux me retrouver dans ce qui a été mis en lumière m’amène généralement à quelque chose de formalisé qui devient partageable, dans l’équipe ou au-delà. Arriver à quelque chose de clair et court est libératoire et me donne le sentiment de ne pas avoir fait tout cela pour rien.

Pour apprendre
Enfin, il m’arrive également de m’imposer des rendez-vous d’écriture sous la forme d’articles à rendre à une date butoir. Rien ne m’y oblige, j’ai la chance ne ne pas être tenue à des publications. Mais me pousser à cette contrainte va dans le sens d’aller au-delà de ce que je sais et sais faire, au-delà du problème du temps que je n’ai pas, vers un loin de moi qui va me faire grandir. Je vais apprendre en lisant, en écrivant, en préparant l’article.

Écrire c’est mon moyen pour rester agile, pour chercher une solution, pour synthétiser, ou pour apprendre.

L’écriture professionnelle (3/4) : la pratique du journal professionnel